Développement d'outils pour la préservation

Reconstitution d’un échantillonneur Akai S6000 sous forme logicielle, dans Max/MSP


Dans le cadre du projet des archives d’Art Zoyd Studios amorcé en 2019, un outil logiciel a été spécifiquement conçu pour remplir un rôle essentiel dans la préservation et la transmission des pièces musicales d’Art Zoyd : celui de restituer aujourd’hui sur ordinateur, dans un environnement informatique accessible et le plus ouvert possible, le fonctionnement des machines Akai fabriquées pour l’échantillonnage de sons depuis les années 1980, devenues obsolètes et souvent inutilisables à présent – et en particulier le fonctionnement du modèle Akai S6000, très largement utilisé par Art Zoyd et par le compositeur Gérard Hourbette.

Développé et affiné par plusieurs réalisateurs en informatique musicale (RIM), initialement Raphaël Panis, puis Oudom Southammavong et Gabriel Venner, cet outil logiciel se présente comme un échantillonneur (ou « sampleur ») reproduisant dans une interface réactualisée les fonctionnalités du Akai S6000 au sein de Max/MSP, avec une attention particulière portée à la reproduction du rendu des effets audio – comme la réverbération applicable aux samples, par exemple – et de sa fidélité aux paramètres des machines Akai
d’origine.
Partant du constat que la difficulté technique principale dans la tâche de préservation et de transmission des pièces musicales d’Art Zoyd est l’obsolescence de cet équipement électronique musical, qui était utilisé historiquement tant lors du processus de composition que lors des représentations sur scène, durant lesquelles de nombreux sampleurs Akai étaient mobilisés en direct et pilotés par des claviers ou des percussions électroniques, la conception d’un outil pouvant se substituer aujourd’hui à ces appareils de manière beaucoup plus accessible dans un environnement informatique le plus ouvert possible (formats de données non propriétaires et open source, comme le JSON) a été essentielle pour permettre l’archivage de ces pièces et leur future interprétation par d’autres musiciens.
Cet outil est dorénavant utilisé par Art Zoyd Studios pour la sauvegarde et la migration des pièces musicales de son répertoire historique, et est également voué à être mis à disposition de futurs compositeurs souhaitant travailler avec les fonctionnalités et l’ergonomie particulières des sampleurs Akai, qui ont marqué profondément l’histoire de la musique électronique.

Création d'un modèle de base de données pour l'archivage des pièces de musique électroacoustique


Afin d’organiser les données et les documents préservés dans les studios, une base de données a été développée et est en cours d’implémentation pour retrouver facilement toute la documentation disponible sur chacune des œuvres. Elle permettra à l’équipe d’Art Zoyd Studios de fournir les documents nécessaires aux artistes qui souhaiteraient reprendre ou
réinterpréter les pièces d’Art Zoyd, ou de manière générale les pièces produites en résidence à Art Zoyd Studios.

Ce modèle de structure de l’information lié à l’indexation et à l’archivage de la musique électroacoustique est issu d’une recherche menée par l’équipe chargée de la conservation des archives du studio et par Jeanne Westeel, étudiante de l'université de Lille et stagiaire chargée du développement de la base de données, avec les soutien technique et théorique de Bernard Jacquemin du Groupe d’Etude et de Recherche Interdisciplinaire en Information et COmmunication (GERiiCO) ; de Victoria Le Fourner et Florence Perret de la Maison Européenne des Sciences de l'Homme et de la Société (MESHS) et de Clarisse Bardiot du laboratoire DeVisu (Design Visuel et urbain - UPHF). Ce modèle est en outre conçu pour être utilisable par d’autres structures, qui présenteraient les mêmes besoins d’indexation et de classement d’archives de musique électroacoustique.

Interface MAX/MSP

Le modèle permet une indexation des œuvres elles-mêmes, mais également une indexation des documents permettant d’enrichir l’information autour de ces œuvres (documents techniques, interviews, documents liés au processus de création, etc.). Les données renseignant chaque œuvre y seront ajoutées progressivement, afin d’enrichir autant que possible l’information qu’il est possible de rechercher dans la base et de la mettre ainsi à disposition de tout utilisateur.
La base elle-même a été créée via le système open source Heurist, développé à l’université de Sydney et implémenté en France au sein des serveurs d’Human-Num au CNRS. Heurist permet notamment l’accès via une interface de consultation relativement simple d’utilisation.