Brice Catherin 


Brice Catherin, ce jeune compositeur, sera accueilli par Art Zoyd Studios, à la fois comme compositeur et comme instrumentiste.

L’idée est de produire des pièces pour violoncelle et électronique temps-réel :

Ce « Cello electro »  poserait le passage entre le violoncelle qui illustre à la perfection (et même au-delà) l’idée d’un « beau » classique, de la composition académique, d’une certaine pureté élégante, et le marier à une électronique temps réel, à des transformations sonores, propose une vision (écoute) de l’autre côté du même son,  de son côté peut être moins « propre ». Cette notion d’électronique temps réel (au contraire d’un fichier sonore, ce que l’on appelait il y a peu « bande ») est très importante dans le projet,  car il ne s’agirait pas de poser le violoncelle dans un écrin sonore, mais bien d’extraire de l’instrument les composantes microscopiques de sa sonorité, raclement de l’archet, oscillations irrégulière, « loup » de l’instrument.
Et pour permettre à des compositeurs venus d’autres horizons, et pas seulement des classes d’écriture, de répondre à cette demande, de proposer une autre vision de l’instrument entre le violoncelle acoustique (amplifié pour l’occasion) sa version solid-body électrique (on est alors plus proche du monde de la guitare électrique, en présence d’un instrument qui n’a plus de son acoustique propre), le cello-basse, voire le violoncelle baroque.
L’archet pourra aussi être exploré : archet classique, archet amplifié, archet électronique (e-bow) ou un archet courbe.
Il est également essentiel que l’électronique puisse être jouée par le musicien lui-même (et non pas par un assistant assis dans la salle) favorisant ainsi son intégration pleine à l’instrument au lieu de la considérer comme un « effet », un corps rapporté.

Le choix ici risque également de dépendre de la rencontre avec le musicien-soliste qui sera l’interprète de la composition envisagée : le rapport avec le musicien lui-même, défini par sa personne et non plus par son instrument, étant également une attitude amenée par les nouvelles façons de penser la musique.
Une pièce sera commandée à Brice Catherin, une autre à Kasper T Toeplitz et une troisième à la compositrice australienne Cat Hope. Nous pensons également associer un ou deux autres compositeurs/ compositrices pour pouvoir créer un programme de concert.

L'interview


Qui êtes vous ? (Âge ? Vous habitez où ? Vous faites quoi ?)
J'ai 38 ans, improvise/compose comme un vieux et m'habille comme un ado. J'habite à Huddersfield, connu pour avoir abrité de 2004 à 2011 un trafic de prostitution de quinze mineures (la plus jeune avait 11 ans), ainsi que pour Felix the station cat, la seule employée féline de tout le réseau ferré anglais. Je fais n'importe quoi tant que ça m'amuse.

Quel est votre parcours ? Votre pensée musicale ?
J'ai eu une l̵o̵b̵o̵t̵o̵m̵i̵s̵a̵t̵i̵o̵n̵éducation musicale super classique : un master de violoncelle et un autre en composition. Des messieurs très bien renseignés m'ont appris ce qui était bien et ce qui était mal. Malheureusement, des improvisateur.e.s se sont mis en travers de mon chemin un soir sur un petit sentier mal éclairé. Iells ont crié (dans leur saxophone et leur flûte Paetzold contrebasse) "la liberté ou la vie" et m'ont jeté des sons bizarres et imprévisibles au visage, et y'en a même une qui m'a tapé avec du John Cage. Depuis je ne fais que des choses pas écrites, ou alors ouvertes, ou alors
intermedia, ou alors je dessine, au lieu de faire que de la vraie musique écrite pour de vrai. (Je ressors une partition de temps en temps juste quand j'ai trop la flemme de trouver un truc moi-même, ou alors pour jouer du Ustvloskaya.) Mes partitions récentes se présentent plutôt comme des terrains de jeu, dans lesquels les musicien.ne.s sont invité.e.s à évoluer librement, plutôt que portées pleines de notes dans lesquelles je peux regarder les interprètes courir comme des hamsters dans leur roue. La pièce prévue pour Art Zoyd n'échappera pas à cette règle.
Comment connaissez vous Art Zoyd Studios ? Qu’est ce qui vous amène ici ?
Je pense que j'ai dû en entendre parler il y a longtemps avant Jésus Christ, quand j'étais étudiant. Il s'avère (attention, moment lèche-botte) que je connais aussi Kasper T Toeplitz depuis six ou sept ans parce que j'avais été attiré par ses partitions qui ne sont pas écrites pour des hamsters. Il m'a expliqué le projet et m'a proposé de participer et j'ai dit sobrement "avec joie", sans sourire car je déteste trahir mes émotions. (En plus c'était par mail.)

Comment imaginez vous votre résidence chez Art Zoyd Studios ?
J'essaie en général de ne rien anticiper, pour les résidence comme les rendez-vous galants, d'abord parce que ça ne sert à rien de tenter de tordre la réalité à ce qu'on a anticipé, et ensuite parce que Saint John Cage dirait que c'est mal. Tout ce que je sais c'est qu'il y a une certaine esthétique que j'aimerais continuer à développer (qu'on retrouve dans mon album Sois sûr d'avoir épuisé tout ce qui se communique par l'immobilité et le silence chez Pan y Rosas et ma trilogie en cours Zombie in Zambia sur Bandcamp) ; mais surtout, comme il y aura un RIM qui bossera avec moi (coucou Oudom), je vais enfin pouvoir faire des trucs sur MAX bien trop compliqués pour moi mais pas du tout pour lui, et ça c'est vraiment libérateur.

Quels sont les compositeurs/musiciens qui vous ont le plus influencé ?
Des artistes qui sont libres et radicaux à la fois, qui inventent et se gaussent des règles transmises par les messieurs qui savent : Gaston Lagaffe, Jean-Luc Godard et bien sûr Galina Ustvolskaya.
Quel est le dernier concert/spectacle qui vous a le plus marqué ? et où ?
Parfois on va à des spectacles ou des concerts et on se dit "c'est ça qu'il faut faire". Il y a trois ans et demi, j'ai vu par hasard trois spectacles de danse pendant lesquels je me suis dit "c'est ça qu'il faut faire", et surtout "c'est comme ça qu'il faut faire". Je crois en effet que la méthode de travail, quand on bosse à plusieurs, est aussi importante que le résultat, tout simplement parce que cette méthode définit grandement ledit résultat, et que comme le dit le vieux proverbe que je viens d'inventer "sans éthique point d'esthétique". (D'ailleurs tous les gens avec qui je travaille depuis quelques années sont des artistes dont j'apprécie le travail et la façon de travailler.) Je parle longuement de ces méthodes de travail et de création ailleurs, je ne vais donc pas trop en dire ici. Les trois spectacles étaient (dans l'ordre de leur découverte) :
- In/Utile : Incorporer (Foofwa d'Imobilité et Jonathan O'Hear)
- Nu (Émilia Giudicelli et Ioannis Mandafounis)
- Sing the positions (Manon Parent et Ioannis Mandafounis)


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Découvrez sa performance SVIOLONCELLO, sur la page #culturecheznous


Écoutez Kitano in Kitwe, de Brice Catherin
"This is the volume 2 of my on-going collection "Zombie in Zambia ». I use a five-string cello built by Robin Jousson and a curved bow built by Michael Bach. That's all folks! »


©Mélanie Groley


©Andy-Brydon


©Visone-Fabio