Julien Desprez


Après une année d’apprentissage de la guitare en autodidacte en parallèle de ses études d’ébénisterie, Julien Desprez se forme pendant quatre années à l’E.N.M.D. de Yerres dans l’Essonne suivi de deux ans au conservatoire de Montreuil.

Si le jazz et le rock ont été ses premiers amours musicaux, il est très vite attiré par des formes musicales plus libres faisant fi des barrières esthétiques et laissant place à l’improvisation. Sa conception et son approche de l’instrument, de la musique et de l’espace se sont transformées. Au fur et à mesure, il envisage la guitare plutôt comme une batterie, un organe, un instrument modifiable et déployable à souhait.

Sa rencontre avec Grégory Edelein autour de son projet Déconcerter a été déterminante, lui donnant l’occasion d’une réflexion et d’une pratique autour du corps du musicien. Tout ce travail a permis de remettre le corps en jeu dans chacune de ses performances. Évoluant entre arts sonores, performances et musiques improvisées contemporaines, le travail de Julien Desprez se situe aujourd’hui autour de divers questionnements existants au sein d’un espace scénique : le corps, l’espace et la lumière, tout en laissant au son une place centrale. À mi-chemin entre la chorégraphie – sans pour autant être dansée –, la scénographie et le concert, les performances créées sont le fruit de cette réflexion : les musiciens sortent de leur simple position de créateurs de son et sont poussés à assumer et utiliser pleinement leur corps.

Ainsi, il donne naissance à des formes artistiques inattendues, favorisant la croisée des langages et des disciplines. Ses deux dernières créations s’inscrivent dans cette lignée : entre arts graphiques, chorégraphiques et sonores, Coco questionne les limites entre pratiques sonores et chorégraphiques tout en se jouant des identités. La performance Acapulco Redux s’est, quant à elle, formée autour d’un concept : développer une forme musicale capable d’accueillir et de faire exister tous types de sons venant de n’importe quel domaine ou esthétique musicale.

Julien Desprez est également membre co-fondateur du Collectif Coax, coopérative de musiciens, basé à Paris et créé en 2008, qui a été récemment labellisé « Compagnies Nationales » par le Ministère de la Culture et de la Communication.

ARC : un projet sur l’intensité


Seul en scène pour arc électrique, électronique, avec guitare démembrée et podorythmie. 2022 marque le début d’une nouvelle création pour Julien Desprez dans la lignée de ses précédents spectacles qui défiaient les conventions scéniques pour mieux rompre les limites entre spectacle et performance, danse et musique, virtuosité instrumentale et détournements électroniques.

Arc est une performance révélant les liens intimes entre l’électricité et l’intensité des sentiments humains. Grâce à un dispositif d’arcs électriques irradiant l’interprète et l’espace scénique, la scène se transforme en un objet organique et vivant, mettant en lumière l’électrification de nos vies. Tant sur un plan technologique qu’émotionnel.

À travers ce lien entre courant électrique et émotions, Arc explore un des paradoxes de nos sociétés contemporaines : le besoin individuel de vivre de plus en plus intensément face à une hystérisation de la société produisant l’effondrement de cette même intensité.

À partir de ce paradoxe, Arc crée un vortex en tension permanente devant changer de forme pour ne pas s’effondrer et perdre de son intensité.

Au sein de celui-ci, le temps se tord, se courbe, se densifie, se relâche, se compresse sous la perception du spectateur.