production en cours


Bruit de surface#1 / 135 façons de sauver la Terre

François Bon

En cette période étrange et puisque les moyens habituels d'apprécier la musique (le concert) sont en suspens, Art Zoyd Studios a imaginé d'explorer d'autres interactions de la musique avec le monde qui nous entoure.  De là est en train de naître la collection " Bruit de surface", rencontres entre des écrivains et des musiciens, se retrouvant en binômes, pour tenter de créer des œuvres hybrides, entre texte, performance et concert, entre le signifiant du mot et l'abstraction du sonore
Le projet est amorcé par l'écrivain François Bon et le compositeur Kasper T. Toeplitz avec 135 façons de sauver la terre.


François Bon est né en 1953, en Vendée, et publie son premier livre en 1982. Il collabore avec Kasper Toeplitz depuis 1995. Tout en continuant son parcours d’auteur de l’écrit, il a multiplié les expériences transmedia, à la fois sur son site web www.tierslivre.net et sur sa chaîne YouTube dédiée à l’expérimentation textuelle.

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La lecture sur scène, et encore plus si c’est avec musicien, c’est comme enflammer l’écriture livre : écriture qui se donne dans l’instant, appelle l’implication du corps.
Et pourtant, à la différence du musicien improvisateur, l’auteur reste avec sa partition dans les mains. C’est lorsqu’il est à sa table, dans le surgissement de l’écriture,
qu’il éprouve ce même vertige de la musique improvisée.
Ces questions, je les portais depuis plusieurs mois : serait-il possible à un auteur que le texte soit produit dans le moment même de la scène ?
Cela suppose que le texte en lui-même soit appel, question, proclamation.
Ce thème de 135 façons de sauver la Terre est revenu obsessivement dans mon travail : figures récurrentes, images à la limite du fantastique. Rejoindre notre inquiétude quant au destin du monde. Affirmer une rage, une quête, quand bien même la réalité est dure, terne, opaque.

Alors nous, l’auteur comme le musicien, restent dans leur rôle de saltimbanques, montreurs d’images. Kasper T Toeplitz m’a proposé, pour le centre de création musicale Art Zoyd Studios dont il assure cette année la direction  artistique, une double mission commune : détecter, parmi les jeunes auteurs performeurs d’aujourd’hui, de nouvelles voix, de nouveaux modes d’appréhension du réel. Puis les associer à d’équivalents explorateurs de musiques.

Nous-mêmes, alors nous intégrant dans ces binômes en constitution.
Ce n’est pas un projet qui se joue une fois, ou dix fois, et puis s’arrête. C’est un protocole : la possibilité, sur un an, ou tant que l’envie de concerts sera là, d’arriver ensemble sur scène, disposer de ces quelques dizaines de pistes d’improvisation, et les laisser se recomposer dans une figure qui sera celle d’un seul soir.
Un livre s’élabore, fait de toutes les versions successives de ces improvisations. Mais aussi des enregistrements vidéo qu’on fait de chaque répétition, qu’on fera de chaque concert.
Et si le web est actuellement la seule possibilité de scène, c’est sur le web qu’on l’y emmène : nécessité pour la parole qu’elle dise le présent, dessine une perspective à sa nuit.