Corentin Marillier (*1991) est un percussionniste, performeur et compositeur dont l’univers musical se situe aux croisements des musiques expérimentales et traditionnelles.
Co-fondateur et conseiller artistique des ensembles Soundtrieb et Semblance, son travail explore les liens transversaux entre musique, performance et installation et s’oriente vers une pratique post-instrumentale mêlant aussi bien éléments sonores que visuels. Œuvrant pour un décloisonnement des pratiques et des esthétiques, il encourage autant la musique classique contemporaine que les courants expérimentaux notamment via une série d’entretiens avec de jeunes artistes qu’il publie régulièrement sous le nom de Conversations.
Il a notamment collaboré (entre autres) avec Simon Steen-Andersen, Cathy van Eck, Nicolas Frize, Bastien David, Jérôme Combier, Raphaël Cendo et collabore avec l’IRCAM, la Fondation Royaumont et la Philharmonie de Paris sur des projets artistiques et pédagogiques.
En février 2023, il est nommé co-directeur artistique du collectif Eklekto à Genève.
Constamment engagé dans la création, Eklekto collabore avec compositeurs.trices et artistes contemporain.e.s pour présenter des projets qui réinventent la percussion et les attentes de l’auditeur.trice.
Créé sous l’impulsion visionnaire du percussionniste Pierre Métral en 1974, cet ensemble à dimension variable travaille aujourd’hui avec plus de 20 musicien.nes percussionnistes issu.e.s de la région lémanique.
Outre sa saison de concerts à Genève et une biennale organisée de 2006 à 2014, le collectif est régulièrement invité sur des scènes internationales telles que Kyoto Experiment, Wittener Tage für Neue Musik, Amsterdam Muziekgebouw, Biennale de Venise, Romaeuropa, Barbican Center. Récemment Eklekto a collaboré avec des artistes tels que Ryoji Ikeda, Thomas Meadowcroft, Tristan Perich ou Justina Repeckaite. Des projets qui questionnent autant le format du concert traditionnel, que l’évolution d’un instrumentarium en constante transformation.
LE PROJET
Penser et réfléchir à sa pratique est une chose stimulante, nécessaire mais parfois déroutante surtout quand il s’agit de se confronter constamment à la nouveauté. La percussion est un domaine à part dans le paysage instrumental, tant elle s’est renouvelée au fil des siècles et a connu une première explosion dans son utilisation chez les compositeurs avant-gardistes. Aujourd’hui la technologie ainsi qu’une forme de modernisme a de nouveau modifié en profondeur notre pratique. S’aventurant dans de nouvelles pratiques, jouant autant sur des instruments ou des objets, que performant un texte ou bien des mouvements, le percussionniste a considérablement élargi son champ de performance. Observateur attentif de sa propre pratique et acteur de cette transformation, le percussionniste Håkon Stene fut le premier à utiliser le terme « post-instrumental » afin de désigner cette nouvelle pratique naissante. Au cours des cinq dernières années, il m’est arrivé de balayer un large spectre de ces différentes pratiques, passant régulièrement d’un rôle de performeur, à instrumentiste et parfois compositeur. M’appuyant sur le répertoire récent, la collaboration avec différents compositeurs.trices, mon travail cherche à explorer de nouvelles possibilités instrumentales convoquant son, manipulation d’objets et visuel. Il m’arrive d’utiliser aussi bien des instruments hybrides pourvus de transducteurs, de haut-parleurs, de microcontacts ou autres que des objets mécaniques tels que des tournes disques, des vibreurs ou même des ventilateurs. Il réside dans cette recherche le pur plaisir de la découverte, celle du son « nouveau », accidentellement obtenu que l’on cherche ensuite à apprivoiser puis à associer à tous ceux qui nous accompagnent déjà.